DownloadCitation | Sarkozy et la lettre de Guy Mîquet : un cas d’instrumentalisation ? | Le personnage de Guy Mîquet, et plus particuliùrement la lettre qu’il adressa à ses parents à la
Guy Moquet, exĂ©cutĂ© par les Allemands est connu notamment pour sa derniĂšre lettre, un modĂšle de courage, Ă©crit Ă  ses parents. Il est aussi un modĂšle de rĂ©sistance Ă  l'ennemi. Sauf que sur ce point, les historiens ne convergent pas avec le Parti communiste qui en a fait une icĂŽne. Guy Moquet a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© sans lien avec la rĂ©sistance, Ă  une Ă©poque oĂč le parti communiste n'avait pas dĂ©savouĂ© le pacte germano-soviĂ©tique. Dans un article de 2007, le journal l'HumanitĂ© Ă©crit en titre EmprisonnĂ© pour avoir diffusĂ© les idĂ©es c'est d'ailleurs exactement ça. Au dĂ©tail prĂšs que ces idĂ©es Ă©taient anti-capitalistes au point de ne pas cracher sur un pacte avec Hitler Ă  cette Ă©poque. * * * Guy MĂŽquet le mythe et l'histoire Le PCF a utilisĂ© la lĂ©gende du jeune communiste pour mieux faire oublier son attitude en 1940, aux antipodes de la RĂ©sistance De Jeanne d'Arc Ă  Bara, les usages politiques de figures hĂ©roĂŻsĂ©es sont classiques. Tous les rĂ©gimes, tous les partis, tous les pays usent d'un procĂ©dĂ© qui n'est pas avare d'arrangements avec la rĂ©alitĂ© historique. Pour exalter des vertus nationales, morales, patriotiques ou donner en modĂšle l'exemplaritĂ© de leurs destins, on accapare des figures symboliques qu'on n'hĂ©site pas Ă  parer de valeurs contradictoires. Le destin du jeune Guy MĂŽquet, fusillĂ© par les Allemands Ă  l'Ăąge de 17 ans, le 22 octobre 1941, n'Ă©chappe pas Ă  cette rĂšgle. "Je laisserai mon souvenir dans l'histoire car je suis le plus jeune des condamnĂ©s", aurait confiĂ© Guy MĂŽquet Ă  l'abbĂ© Moyon, qui assista les otages de ChĂąteaubriant. De fait, dĂšs l'Occupation, il a Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ© comme un martyr et nombre de groupes de partisans se sont rĂ©clamĂ©s de lui. Dans l'immĂ©diat aprĂšs-guerre, avec les "27 de ChĂąteaubriant", il a incarnĂ© les valeurs rĂ©sistantes et le sacrifice du "Parti des fusillĂ©s". Et puis le temps a passĂ©, la RĂ©sistance a perdu la place prééminente qui Ă©tait la sienne dans la mĂ©moire nationale. Le nom de Guy MĂŽquet, comme ceux de Jacques Bonsergent ou d'Estienne d'Orves, a perdu son sens pour la plupart des gens. De façon inattendue, la derniĂšre campagne Ă©lectorale a ramenĂ© Guy MĂŽquet sur le devant de la scĂšne mĂ©diatique par les citations d'un candidat qui, Ă©lu prĂ©sident, a tenu Ă  faire lire le jour de sa prise de fonction la derniĂšre lettre du jeune homme prĂšs d'un autre lieu symbolique la cascade du bois de Boulogne oĂč une cinquantaine de jeunes gens dĂ©sireux de participer aux combats de la capitale furent fusillĂ©s en aoĂ»t 1944. L'initiative a suscitĂ© des rĂ©actions variĂ©es - indignation, satisfaction ou curiositĂ© -, sans que la rĂ©alitĂ© historique soit pour autant interrogĂ©e. Au contraire, on a vu ressurgir Ă  cette occasion les stĂ©rĂ©otypes et clichĂ©s d'une "histoire" de la RĂ©sistance et du PCF qu'on croyait dĂ©finitivement rangĂ©e au magasin des mythes et lĂ©gendes. Faire de Guy MĂŽquet et de ses vingt-six camarades des "rĂ©sistants de la premiĂšre heure" relĂšve de la tĂ©lĂ©ologie, puisque la plupart d'entre eux ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s en un temps oĂč le PCF, pris dans la logique du pacte germano-soviĂ©tique, Ă©tait tout sauf rĂ©sistant. AprĂšs avoir mis au rayon des accessoires son antifascisme, condamnĂ© une guerre devenue "impĂ©rialiste" et appelĂ© plus ou moins ouvertement au sabotage de l'effort de guerre au printemps 1940, le Parti a profitĂ© de l'effondrement militaire de la France et de la chute de la RĂ©publique bourgeoise pour prendre Ă  l'Ă©tĂ© 1940 une sĂ©rie d'initiatives qu'aucun martyre ultĂ©rieur ne saurait effacer tractations avec les autoritĂ©s d'occupation pour la reparution de la presse communiste dont les arguments dĂ©sormais connus donnent une idĂ©e du "patriotisme" du Parti. Guy MĂŽquet, arrĂȘtĂ© le dimanche 13 octobre 1940 Ă  la gare de l'Est par trois policiers de la prĂ©fecture de police, agissant "sur indication", revendique dans sa dĂ©position avoir voulu remplacer son pĂšre, le dĂ©putĂ© communiste Prosper MĂŽquet, militant depuis 1925, Ă©lu lors des Ă©lections de 1936, invalidĂ© et condamnĂ© par la IIIe RĂ©publique pour son refus de dĂ©savouer le pacte germano-soviĂ©tique. Jeune lycĂ©en exaltĂ©, il a dĂšs son plus jeune Ăąge baignĂ© dans une culture politique bolchevique, porteur de la tradition familiale stalinienne, par ses parents, par ses oncles et tantes qui travaillent pour l'appareil clandestin du Parti. Les tracts qu'il distribue en cet Ă©tĂ©-automne 1940 s'inscrivent totalement dans la ligne du Parti et n'appellent donc pas Ă  la rĂ©sistance. Prisonnier de la logique d'un parti enfermĂ© dans les compromissions de l'alliance Staline-Hitler, Guy MĂŽquet n'a pas pu ĂȘtre le "rĂ©sistant" qu'on cĂ©lĂšbre Ă  tort. Ses camarades des Jeunesses communistes ont en revanche constituĂ©, Ă  l'Ă©tĂ© 1941, aprĂšs l'offensive de la Wehrmacht contre l'Union soviĂ©tique, le fer de lance de la lutte armĂ©e initiĂ©e dans la plus totale improvisation par le Parti. Les premiĂšres agressions contre des soldats allemands par les jeunes militants des Bataillons de la jeunesse vont provoquer des reprĂ©sailles sanglantes codifiĂ©es en septembre 1941 par le dĂ©cret Keitel. C'est l'attentat du 20 octobre 1941 contre le Feldkommandant de Nantes, abattu par un commando de trois jeunes communistes venus de Paris, qui est la cause directe de la fusillade des 27 de ChĂąteaubriant et de 21 autres otages originaires de la rĂ©gion, Ă  Nantes et au Mont-ValĂ©rien, le 22 octobre. En dĂ©pit de la tentative du ministre de l'intĂ©rieur Pucheu pour orienter le choix des Allemands vers des communistes, c'est bien l'occupant qui dĂ©signa en dernier ressort les fusillĂ©s - Hitler dans un premier temps exigeait 150 exĂ©cutions - parmi les emprisonnĂ©s et internĂ©s Ă  disposition dans les camps et prisons. Pour ce choix, il appliqua le dĂ©cret Keitel en respectant une vague proportionnalitĂ© dans l'ordre des responsabilitĂ©s des jeunes, des communistes, des gens originaires de Nantes. Accaparer cette tragĂ©die Ă  son seul profit et pour sa seule gloire, comme l'a fait le PCF depuis 1942, relĂšve de la rĂ©cupĂ©ration politique. Les otages fusillĂ©s n'Ă©taient pas tous communistes, Guy MĂŽquet n'Ă©tait pas le seul jeune... On chercherait en vain dans les discours prononcĂ©s Ă  ChĂąteaubriant, sur les plaques et dans les Ă©crits dressĂ©s Ă  la gloire de la rĂ©sistance communiste, les noms de Christian Rizzo, Marcel Bourdarias, Fernand Zalkinov et leurs camarades, arrĂȘtĂ©s, jugĂ©s, condamnĂ©s et exĂ©cutĂ©s au printemps 1942 pour avoir fait ce que Guy MĂŽquet, en communiste disciplinĂ©, n'avait pas fait. Ces jeunes militants commirent les premiers attentats sur ordre d'un parti qui mit des annĂ©es Ă  en assumer la paternitĂ© aprĂšs avoir calomniĂ© leurs auteurs "ceux qui ont tuĂ© le Feldkommandant Hotz sont ceux qui ont incendiĂ© le Reichstag", avant de les effacer purement et simplement de la mĂ©moire. Si la derniĂšre lettre de Guy MĂŽquet est Ă©mouvante, les leurs ne le sont pas moins, mais personne ne rappelle leur mĂ©moire... Jacques Duclos, qui transmit Ă  Aragon les lettres des 27 avec cette injonction "Fais de cela un monument", fut Ă  l'origine d'un petit arrangement avec l'histoire qui consista Ă  mettre en pleine lumiĂšre des militants arrĂȘtĂ©s avant la rupture du pacte germano-soviĂ©tique et Ă  rejeter dans l'ombre mĂ©morielle ceux dont l'attitude soulignait trop crĂ»ment les aspects les moins avouables d'un passĂ© que le PCF devenu patriote, rĂ©publicain et rĂ©sistant voulait faire oublier. Avec le sang des otages, le Parti communiste lavait une des pĂ©riodes les plus troubles et ambiguĂ«s de son histoire en mĂȘme temps qu'il dressait un obstacle moral Ă  toute critique de son attitude. Si les mythes sont aussi importants que la rĂ©alitĂ©, l'histoire existe pour rappeler cette rĂ©alitĂ©, aussi tragique ou dĂ©cevante soit-elle... Jean-Marc BerliĂšre est professeur d'histoire contemporaine Ă  l'universitĂ© de Bourgogne, chercheur au Cesdip CNRS/ministĂšre de la justice. Sylvain Boulouque est doctorant en histoire Ă  l'universitĂ© de Reims. Jean-Marc BerliĂšre et Sylvain Boulouque
INTERVENTIONS Aujourd'hui 22 octobre 2007, la derniĂšre lettre Ă  ses parents du jeune Guy Mocquet devrait ĂȘtre lue Ă  tous les lycĂ©ens de France qui, le coeur serrĂ©, redĂ©couvriront Ă  cette occasion le sens du courage patriotique et de la piĂ©tĂ© filiale. Telle est la volontĂ© de notre prĂ©sident qui semble, malheureusement pour lui, se heurter Ă  une certaine L’instruction prĂ©sidentielle prescrivant la lecture, le 22 octobre, dans toutes les Ă©coles de France, de la lettre de Guy MĂŽquet Ă  ses parents, avant son exĂ©cution, relĂšve du dĂ©tournement de mĂ©moire et de la captation d’hĂ©ritage. Nicolas Sarkozy a Ă©tĂ© pendant prĂšs de vingt ans maire de la banlieue huppĂ©e de Neuilly sans avoir jamais songĂ© Ă  baptiser une rue du nom de ses illustres personnalitĂ©s de gauche qu’il invoque, tel un totem, Ă  tout moment depuis sa campagne Ă©lectorale. Pas plus Jean JaurĂšs que Guy MĂŽquet n’ y figurent mais Maurice BarrĂšs, chantre de la droite conservatrice, si. Un tel comportement s’apparente Ă  une imposture lorsque l’on songe que l’une des premiĂšres mesures du nouveau quinquennat post-gaulliste aura Ă©tĂ© le bouclier fiscal», une mesure qui bĂ©nĂ©ficie quasi-exclusivement aux privilĂ©giĂ©s, ainsi que le pistage gĂ©nĂ©tique des migrants, un dispositif qui renvoie aux pires pratiques du totalitarisme. La France a baignĂ© depuis un an dans un narcissisme entretenu par son nouveau prĂ©sident, mais Ă  l’instar d’un couple qui se fracasse, le miroir se brise sur les dures rĂ©alitĂ©s des contraintes de la vie et la dissipation des mirages entretenus Ă  coup de promesses non tenues. Et Magic Sarkozy» se rĂ©vĂšlera ĂȘtre rĂ©trospectivement une FĂ©e Carabosse. Saluer comme l’a fait le PrĂ©sident de la RĂ©publique la mĂ©moire de Guy MĂŽquet, ce jeune communiste français fusillĂ© durant la DeuxiĂšme Guerre Mondiale 1939-1945 par les Allemands, est un acte de justice. Mais cela aurait Ă©tĂ© pĂ©dagogiquement exemplaire si cet hommage s’était accompagnĂ© de la condamnation des bourreaux, c’est-Ă -dire cette police française zĂ©lĂ©e qui a livrĂ© Ă  la mort un compatriote, au seul prĂ©texte qu’il Ă©tait un patriote. C’était en cela que le supplice de Guy MĂŽquet eut Ă©tĂ© exemplaire des dĂ©rives infĂąmantes et odieuses de l’appareil Ă©tatique. Cette mĂȘme police a aussi Ă©tĂ© maĂźtre d’Ɠuvre de la rafle du Vel’ d’Hiv et n’a jamais Ă©tĂ© condamnĂ©e pour cela. Une prophylaxie sociale aurait commandĂ© d’exalter la lumiĂšre de la France, sans nĂ©gliger de stigmatiser sa part d’ombre. Mais vous voyez Nicolas Sarkozy condamner la police, le socle de son pouvoir sĂ©curitaire ? Il en est de mĂȘme d’un autre subterfuge Le secrĂ©tariat d’État aux affaires Ă©trangĂšres chargĂ© des Droits de l’homme» est un borborygme, dans la mesure oĂč Les Droits de l’Homme sont en principe universels, sauf Ă  considĂ©rer que la France ne commet, pour sa part, aucune violation des Droits de l’homme. L’intitulĂ© des fonctions de Mme Rama Yade-Zimet signifie sa mise Ă  l’écart des violations françaises qui interviendraient sur le sol national charters de la honte, sans-papiers, etc.. Il lui sera donc loisible de dĂ©noncer tous les pays du monde, sauf le sien. Voila en clair l’intitulĂ© de sa mission. Rama Yade sera particuliĂšrement sous observation. Devra-t-elle limiter sa dĂ©fense des Droits de l’homme aux seules instances internationales et donc ne disposer d’aucun droit de regard sur les violations des Droits de l’Homme en France ? Si tel devrait ĂȘtre la cas, elle risque de servir d’alibi pour la bonne conscience chronique de la mauvaise conscience du pouvoir français. Qu’elle garde Ă  l’esprit la malheureuse expĂ©rience de son prestigieux aĂźnĂ© le gĂ©nĂ©ral Colin Powell, ancien chef d’État-major interarmĂ©es des États Unis, premier secrĂ©taire d’État afro-amĂ©ricain de l’Histoire, qui s’est couvert de ridicule avec son Ă©prouvette remplie de poudre de perlimpinpin brandie devant le Conseil de sĂ©curitĂ© de l’ONU pour justifier l’invasion amĂ©ricaine de l’Irak. Il est Ă  espĂ©rer que Rama Yade ne sera pas une nouvelle Uncle Ben’s» Ă  la sauce française
 Cela Ă©tant dit, il est Ă  espĂ©rer aussi que ces nouvelles promues ne se rĂ©vĂšlent pas ĂȘtre un gadget exotique visant Ă  masquer une xĂ©nophobie d’État, comme en tĂ©moignent les rodomontades du nouveau prĂ©sident français et la crĂ©ation d’un MinistĂšre de l’IdentitĂ© nationale et de l’IntĂ©gration. Relevons au passage que Fadela Amara, qui rejetait haut et fort toute sujĂ©tion Ă  la tĂȘte de son mouvement Ni putes, ni soumises, s’est rĂ©vĂ©lĂ©e ĂȘtre trĂšs soumise aux sirĂšnes du pouvoir de droite, quand bien mĂȘme elle trouve dĂ©gueulasse» le test ADN sur les postulants Ă  la migration en France. Il est des faiblesses coupables voire mortelles. Pour la crĂ©dibilitĂ© de nos engagements, gardons prĂ©sent Ă  l’esprit l’impĂ©rieuse nĂ©cessitĂ© de donner toujours l’exemple d’une Ă©thique de conviction ». L’exact contraire, en somme, de l’opportunisme d’occasion. Égorger les moutons dans la bagnoire». Cette suspicion pĂšsera toujours, peu ou prou, sur les personnes d’origine arabe ou africaine du fait mĂȘme de cette origine et du fait mĂȘme de la volontĂ© de M. Sarkozy, responsable au premier chef de la gĂ©nĂ©ralisation de ce clichĂ© dĂ©magogique Ă  vocation Ă©lectoraliste. Mais ce clichĂ© va lui coller Ă  la peau, longtemps aprĂšs son dĂ©part du pouvoir, de la mĂȘme maniĂšre que le bruit et l’odeur» des immigrĂ©s ont durablement plombĂ© son prĂ©dĂ©cesseur Jacques Chirac, obĂ©rant son discours humaniste. Certes, par rapport Ă  la sĂ©quence antĂ©rieure, la promotion de Rachida Dati, de Rama Yade et de Fadela Amara constitue un lĂ©ger mieux par rapport Ă  Tokia SaĂŻfi, qui avait bĂ©nĂ©ficiĂ© d’un strapontin et d’une aide parcimonieuse dans le premier gouvernement de Jean-Pierre Raffarin en 2002. De par son extrĂȘme discrĂ©tion, la modicitĂ© de sa fonction et le peu de considĂ©ration accordĂ©e Ă  son dĂ©partement, elle eut droit au titre de premier titulaire Ă©vanescent du ministĂšre du DĂ©veloppement durable ». Mais il est Ă  craindre que ce gouvernement multicolore n’apparaisse Ă  l’usage comme un conglomĂ©rat de personnalitĂ©s bariolĂ©es sans grande expĂ©rience, sans vĂ©ritable stature politique, comme un gadget mĂ©diatique, un assortiment pour plateaux de tĂ©lĂ©vision. Les murmures de Yad Vashem», qui dictent selon ses propres dires la conduite du nouveau prĂ©sident français, ne sauraient occulter les rĂąles des suppliciĂ©s de SĂ©tif AlgĂ©rie, mai 1945, de Thiaroye SĂ©nĂ©gal, dĂ©cembre 1944, de Madagascar 1947 et du Cameroun 19955-1971, pas plus que la longue complainte contemporaine du peuple palestinien. Les camps de concentration hitlĂ©riens ont abouti Ă  la liquidation d’ĂȘtres humains du fait de leur origine ethnico-religieuse, de la mĂȘme maniĂšre que l’esclavage et les zoos humains ont provoquĂ© l’anĂ©antissement mental et physique d’ĂȘtres humains, transformĂ©s en cadavres vivants du seul fait de leur origine ethnico-religieuse. Les deux actes sont hautement condamnables. Les deux doivent ĂȘtre condamnĂ©s et induire la mĂȘme rĂ©paration. Il ne saurait y avoir une concurrence mĂ©morielle. Cela relĂšve de la dignitĂ© de l’espĂšce humaine et, Ă  ce titre, cela est moralement non nĂ©gociable. Retour sur le discours fondateur de Sarko l’Africain La prestation de M. Sarkozy lors de la premiĂšre tournĂ©e africaine de sa prĂ©sidence, en juillet dernier a Ă©tĂ© consternante. Et plus consternant encore le silence de la kyrielle des intellectuels qui participent de son arĂ©opage. Et plus consternante enfin la satisfaction bĂ©ate de sa plume, Henri Guaino, qui se propose de populariser la parole prĂ©sidentielle par l’impression du pensum fondateur de Sarkozy l’Africain». Ce discours du PrĂ©sident Sarkozy renvoie Ă  des stĂ©rĂ©otypes coloniaux primaires et ses propos outranciers rĂ©vĂšlent sa vision d’une anthropologie raciste», selon l’admirable expression de Thomas Heams, maĂźtre de confĂ©rences en gĂ©nĂ©tique Ă  Paris 1 Ainsi donc l’Africain est figĂ© dans la nostalgie. Ainsi donc, Ă  l’instar des pĂ©dophiles, cela est inné» chez eux, suggĂšre le prĂ©sident. L’Africain, dit-il, ne connaĂźt que l’éternel recommencement du temps rythmĂ© par la rĂ©pĂ©tition sans fin des mĂȘmes gestes et des mĂȘmes paroles. Dans cet imaginaire oĂč tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idĂ©e de progrĂšs
 » C’est vrai qu’il y a de la rĂ©pĂ©tition chez l’Africain. La premiĂšre fois c’était Ă  Verdun en 1916, la deuxiĂšme fois Ă  Monte-Cassino en 1944. Mais il y a aussi de la rĂ©pĂ©tition chez les Français eux-mĂȘmes. Il s’agit d’une rĂ©pĂ©tition dans l’ingratitude, marquĂ©e par les massacres de SĂ©tif Alger, Thiaroye SĂ©nĂ©gal et Madagascar. Et cela ne relĂšve pas de la rĂ©pĂ©tition de ma part, mais de la rĂ©itĂ©ration pour que cela soit dĂ©finitivement ancrĂ© dans la conscience nationale française la France est le seul pays au monde Ă  avoir pratiquĂ© une rĂ©pression compulsive au sortir de la DeuxiĂšme Guerre mondiale Ă  l’encontre de ses colonies, au moment oĂč le Royaume-Uni accordait leur indĂ©pendance tant Ă  l’Inde qu’au Pakistan
 M. Sarkozy soutient que la France n’est responsable ni de la corruption, ni de la dictature en Afrique. S’agit-il d’une mĂ©connaissance de notre histoire nationale, ou plus simplement de mauvaise foi ? Le PrĂ©sident de la France semble ignorer l’existence de M. Jacques Foccart et des rĂ©seaux de la Françafrique. Il semble ignorer l’assassinat le 15 octobre 1960 Ă  GenĂšve de FĂ©lix MoumiĂ©, chef de la RĂ©sistance camerounaise, dont le prĂ©decesseur Ruben Um NyobĂ© fut assassinĂ© en septembre 1958 et le successeur Ernest OuandiĂ© fut fusillĂ© en 1971. Il semble ignorer le supplice de Patrice Lumumba, Premier ministre charismatique du Congo indĂ©pendant, en 1961. Il semble ignorer le supplice de Mehdi Ben Barka, figure de proue de l’opposition marocaine et du Tiers-monde. Toutes ces personnalitĂ©s ont Ă©tĂ© Ă©liminĂ©es avec l’aide des rĂ©seaux gaullistes, l’ancĂȘtre du parti de M. Sarkozy. La Belgique, elle, a reconnu depuis belle lurette sa responsabilitĂ© morale dans les dĂ©rives de son systĂšme colonial. Mais la France, pour sa part, persiste Ă  louvoyer, quand bien mĂȘme elle a Ă©tĂ© grandement bĂ©nĂ©ficiaire de son aventure coloniale tant en termes Ă©conomiques qu’en termes d’influence diplomatique dans le monde
 Être grand, c’est assumer ses propres actes, c’est s’assumer sans fioritures. Il est Ă  craindre que la France ait encore des progrĂšs Ă  faire dans ce domaine. Il importe de ne pas banaliser l’infĂąme, mais d’établir une claire dĂ©marcation entre compromis et compromission. Faire travailler gauche et droite dans l’espace dĂ©mocratique est une chose, dĂ©douaner un personnage qui a Ă©rigĂ© la xĂ©nophobie en principe de vie et programme de gouvernement en est une autre. Nicolas Sarkozy a phagocytĂ© la thĂ©matique de l’idĂ©ologie du Front National, la vidant de sa substance et siphonnant du mĂȘme coup l’électorat lepĂ©niste. En recevant Jean-Marie Le Pen Ă  l’ElysĂ©e, c’est en tant que vainqueur qu’il reçoit un vaincu sur son propre terrain, mais dans le mĂȘme temps, il banalise sa thĂ©matique. Le laxisme idĂ©ologique entretient la confusion mentale et justifie a posteriori tout le dĂ©bauchage politique dont la vie française a offert le spectacle depuis la campagne prĂ©sidentielle 2007 et l’arrivĂ©e au pouvoir de Nicolas Sarkozy. Il y a des mutations qui retentissent comme des dĂ©sertions. A dĂ©faut, la lutte des classes cĂšde le pas Ă  la lutte des places et cette dĂ©rive dĂ©valorise le combat politique
 RĂ©fĂ©rences 1- L’homme africain
 », Retour sur le discours de Nicolas Sarkozy Ă  Dakar le 26 juillet dernier, par Thomas Heams, LibĂ©ration, 2 AoĂ»t 2007 Portraits Lettres de fusillĂ©s, de Guy MĂŽquet Ă  Henri Fertet. A propos de la derniĂšre lettre de Guy MĂŽquet Ă  ses parents. [article paru dans Historiens & GĂ©ographes, Bulletin de l'Association des professeurs d'Histoire-GĂ©ographie, n° 400, octobre-novembre 2007] En rĂ©pression de l'exĂ©cution du Felkommandant de Nantes, Karl Hotz, le 20 Nicolas Sarkozy a annoncĂ© mercredi que sa "premiĂšre dĂ©cision" de prĂ©sident serait de faire lire dans tous les lycĂ©es du pays, en dĂ©but d'annĂ©e scolaire, la lettre Ă©crite par le jeune rĂ©sistant communiste Ă  ses parents avant son exĂ©cution en 1941 — AFP/Archives Le 22 octobre, la lettre de Guy MĂŽquet doit ĂȘtre lue aux lycĂ©ens de France. Notre questions-rĂ©ponses pour comprendre Qui est Guy MĂŽquet? Jeune militant communiste, il a Ă©tĂ© fusillĂ© par les nazis en 1941 en reprĂ©sailles Ă  la mort de Karl Hotz, un militaire allemand tuĂ© par la rĂ©sistance. Figure de la mĂ©moire communiste, la lettre qu'il a Ă©crite Ă  sa famille juste avant de mourir Ă  l'Ăąge de 17 ans est cĂ©lĂšbre. Le jour de son investiture Ă  l'ElysĂ©e, Nicolas Sarkozy l'a fait lire par une lycĂ©enne au bois de Boulogne et annoncĂ© qu'elle serait Ă©galement lue chaque annĂ©e Ă  tous les lycĂ©ens de France. Quelle forme prendra cette lecture?Selon une note de service parue dans le Bulletin Officiel le 30 aoĂ»t, la journĂ©e du 22 octobre - date-anniversaire de la mort de Guy MĂŽquet - doit commencer dans les lycĂ©es publics et privĂ©s sous contrat par la lecture de la lettre en classe ou en grand groupe selon le choix des Ă©tablissements». La lecture pourra ĂȘtre confiĂ©e Ă  tous ceux qui, rĂ©sistants ou dĂ©portĂ©s, peuvent aujourd'hui encore tĂ©moigner directement des sacrifices consentis». Le ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos, encourage les parlementaires Ă  participer Ă  ces lectures qui se poursuivront par une rĂ©flexion collective dans le cadre de la classe». D'autres documents, notamment dix autres textes proposĂ©s par le ministĂšre de l'Education, peuvent ĂȘtre utilisĂ©s. C'est essentiellement les chefs d'Ă©tablissement qui dĂ©cideront de l'organisation mais les recteurs d'acadĂ©mie coordonnent en fonction de l'histoire locale de la rĂ©sistance», explique-t-on rue de certains enseignants refusent-ils de lire la lettre?La qualitĂ© intrinsĂšque du contenu de la lettre semble faire l'unanimitĂ©. Mais la mĂ©thode est diversement apprĂ©ciĂ©e. Le syndicat enseignant Snes-FSU majoritaire a ainsi appelĂ© dĂ©but octobre Ă  refuser» de participer Ă  une cĂ©rĂ©monie commandĂ©e» par Nicolas Sarkozy. Selon lui, il n'est pas acceptable de fonder l'enseignement sur le recours Ă  l'Ă©motion, ni obĂ©ir Ă  une prescription du prĂ©sident venant perturber une progression pĂ©dagogique construite selon une logique prĂ©cise s'inscrivant dans le respect des programmes». Le principal syndicat des professeurs de lycĂ©es professionnels, le Snetaa-EIL, appelle Ă©galement Ă  refuser de lire la lettre au service d'une politique» contestation fait suite Ă  la spectaculaire lecture de la lettre le 7 septembre dernier par l'entraĂźneur Bernard Laporte avant le match de rugby France-Argentine. Un acte mĂ©diatique pas trĂšs au goĂ»t d'une partie de la communautĂ© pensent les parents d'Ă©lĂšves?Si la PEEP droite n'a pas rĂ©agi officiellement, la FCPE gauche considĂšre que le caractĂšre obligatoire de la lecture risque de la cantonner au statut de gadget». Seule une implication rĂ©elle des enseignants et un travail de fond sur l'Ă©poque et le conflit pourra du sens Ă  cette lecture», l'opposition?Le parti communiste accuse la droite de rĂ©viser l'histoire» car selon lui, l'engagement communiste de Guy MĂŽquet n'est jamais rappelĂ© dans les commĂ©morations. Nicolas Sarkozy ne nous rend pas sa mĂ©moire en taisant son engagement politique», estime Olivier Dartigolles, le porte-parole du PCF. Le parti organisera le 22 octobre, avec le CGT, un rassemblement au mĂ©tro parisien Guy MĂŽquet, au cours duquel Marie-George Buffet prendra la PS, pour sa part, met en garde contre l'instrumentalisation de l'histoire Ă  des fins politiciennes». S'il dit faire confiance aux enseignants» pour faire les bons choix pĂ©dagogiques», il dĂ©conseille fortement Ă  ses Ă©lus de se substituer aux enseignants pour la lecture de cette lettre».Et si n'ĂȘtes pas lycĂ©en?L'audiovisuel public a pensĂ© Ă  vous la lettre», un court mĂ©trage de deux minutes trente consacrĂ© aux derniers instants du rĂ©sistant, est diffusĂ© entre le 17 et le 22 octobre sur France 2, France 3, TV5 Monde et LCP-AssemblĂ©e nationale. DUSOUVENIR DE GUY MÔQUET ET DE SES 26 COMPAGNONS FUSILLÉS Le B.O. N°30 30 AOÛT 2007 A nnexe TEXTE 1 LycĂ©en parisien, Guy MĂŽquet fut arrĂȘtĂ© Ă  la gare de l’Est oĂč il distribuait des tracts. Il sera fusillĂ© avec 26 de ses camarades en reprĂ©sailles de l’assassinat de l’officier Karl Hotz. Il est le plus jeune des vingt-sept otages assassinĂ©s du camp de
SociĂ©tĂ© Lundi 22 octobre, l'Ă©ducation nationale demande aux enseignants du secondaire de lire Ă  leurs Ă©lĂšves la lettre de Guy MĂŽquet Ă  ses parents, Ă©crite juste avant son exĂ©cution par les nazis en 1941. Si vous ĂȘtes enseignant, expliquez-nous quelle sera votre position. Lundi 22 octobre, l'Ă©ducation nationale demande aux enseignants du secondaire de lire Ă  leurs Ă©lĂšves la lettre de Guy MĂŽquet Ă  ses parents, Ă©crite juste avant son exĂ©cution par les nazis en 1941. Certains enseignants prĂ©voient de boycotter cette lecture, ou, au contraire, de la remplacer par un autre travail pĂ©dagogique sur la commĂ©moration de la RĂ©sistance. Si vous ĂȘtes enseignant en collĂšge ou en lycĂ©e, vous ĂȘtes directement concernĂ© faites-nous part de votre position et expliquez-nous votre choix. Envoyez-nous votre texte et vos photos par e-mail Ă  focus en prĂ©cisant vos nom et prĂ©nom. Une sĂ©lection de vos tĂ©moignages sera publiĂ©e sur Le CONDITIONS Pour nous envoyer vos tĂ©moignages, merci de vous conformer Ă  ces quelques conditions - Textes de 1 500 signes au maximum espaces compris- 5 photos au maximum par envoi. Les ensembles de photos devront ĂȘtre compactĂ©s aux formats .zip ou .rar- Format imposĂ© des photos JPEG, 72 dpi, 1 200 pixels de largeur maximum- Poids 300 Ko maximum par photo LĂ©gendes - PrĂ©cisez le prĂ©nom et le nom de l'auteur- La lĂ©gende de chaque photo ou vidĂ©o comprendra 500 signes au maximum. Elle devra indiquer notamment le lieu et la date de la situation photographiĂ©e- En envoyant votre tĂ©moignage par courrier Ă©lectronique, vous devrez Ă©crire en toutes lettres "Je certifie ĂȘtre l'auteur de cette photo et j'accepte l'ensemble des conditions de dĂ©pĂŽt stipulĂ©es sur Le Le Monde Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă  la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă  la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous ĂȘtes la seule personne Ă  consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez Ă  lire ici ? Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connectĂ© avec ce compte. Y a-t-il d’autres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant Ă  des moments diffĂ©rents. Vous ignorez qui est l’autre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.
Lettreouverte publiée dans Le Figaro du 19 mai 2007. Je suis enseignant de collÚge et je ne lirai pas la lettre de Guy MÎquet à mes élÚves. Je ne la leur lirai . Forum Construire Ensemble avec Nicolas Sarkozy: Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer. Forum Construire Ensemble avec

Les moments d'Ă©motion ne manquent pas lors de la cĂ©lĂ©bration du 75e anniversaire du DĂ©barquement. Mais l'un d'eux fut particuliĂšrement intense. Mercredi 5 juin, Emmanuel Macron s'est distinguĂ© – dans le meilleur sens du terme - Ă  Portsmouth, dans le sud de l'Angleterre, devant 300 vĂ©tĂ©rans, ainsi que la reine Elizabeth II, le prĂ©sident des États-Unis Donald Trump, la chanceliĂšre allemande Angela Merkel, le Premier ministre canadien Justin Trudeau...À LIRE AUSSIDĂ©barquement 75 ans aprĂšs, Colleville-sur-Mer va retrouver son drapeauLe prĂ©sident français a lu la lettre adressĂ©e par Henri Fertet Ă  ses parents que nous reproduisons ci-dessous juste avant que le jeune homme ne soit fusillĂ© par les nazis. L'Histoire a glorifiĂ© Guy MĂŽquet mais, malheureusement, quelque peu oubliĂ© Henri Fertet. Le premier est mort en 1941, Ă  l'Ăąge de 17 ans, le second, lui, Ă  l'Ăąge de 16 ans, en 1943. L'un Ă©tait communiste, l'autre catholique. Chacun de ces deux hĂ©ros laissa une lettre tout aussi saisissante rĂ©digĂ©e quelques minutes avant de marcher vers le peloton d'exĂ©cution. Mais, si celle de Guy MĂŽquet est trĂšs cĂ©lĂšbre – le prĂ©sident Nicolas Sarkozy l'avait fait lire dans toutes les Ă©coles de France en 2007 –, le texte d'Henri Fertet, tout aussi fort, Ă©tait, jusqu'Ă  ce qu'Emmanuel Macron le remette en lumiĂšre, beaucoup moins le 26 septembre 1943Qui Ă©tait Henri Fertet ? Un jeune patriote, nĂ© le 27 octobre 1926 dans le Doubs au sein d'une famille d'instituteurs, lycĂ©en Ă  Besançon, qui s'engage Ă  l'Ă©tĂ© 1942 dans le groupe de Marcel Simon, secrĂ©taire local de la Jeunesse agricole chrĂ©tienne. Le groupe, en fĂ©vrier 1943, rallie l'organisation des Franc-Tireurs et Partisans FTP et prend le nom de Groupe franc Guy MĂŽquet. Le jeune rĂ©sistant se signale par trois actions d'Ă©clat l'attaque du poste de garde du fort de Montfaucon, le 16 avril 1943, pour s'emparer d'un dĂ©pĂŽt d'explosifs qui entraĂźne la mort d'une sentinelle allemande ; la destruction, le 7 mai, d'un pylĂŽne Ă  haute-tension prĂšs de Besançon ; l'attaque, le 12 juin, d'un commissaire des douanes allemand afin de lui prendre son arme, son uniforme et, surtout, les papiers qu'il transporte. L'arrivĂ©e d'une moto l'empĂȘche de se saisir des documents, mais Fertet tue le commissaire. Le 3 juillet 1943, le jeune rĂ©sistant est arrĂȘtĂ© en pleine nuit, chez ses parents. CondamnĂ© Ă  mort le 18 septembre 1943, aprĂšs quatre-vingt-sept jours de dĂ©tention et de torture, il est exĂ©cutĂ© le 26 septembre 1943 Ă  la citadelle de Besançon en refusant qu'on lui bande les yeux et qu'on l'attache, comme il le prĂ©cise dans sa LIRE AUSSI75e anniversaire du DĂ©barquement ils ont vĂ©cu le D-DayVoici dans son intĂ©gralitĂ© la lettre que le jeune homme a laissĂ©e, et qu'il a signĂ©e Henri Fertet au ciel, prĂšs de Dieu ». Chers parents,Ma lettre va vous causer une grande peine, mais je vous ai vus si pleins de courage que, je n'en doute pas, vous voudrez encore le garder, ne serait-ce que par amour pour ne pouvez savoir ce que moralement j'ai souffert dans ma cellule, ce que j'ai souffert de ne plus vous voir, de ne plus sentir peser sur moi votre tendre sollicitude que de loin. Pendant ces 87 jours de cellule, votre amour m'a manquĂ© plus que vos colis, et souvent je vous ai demandĂ© de me pardonner le mal que je vous ai fait, tout le mal que je vous ai fait. Vous ne pouvez vous douter de ce que je vous aime aujourd'hui car, avant, je vous aimais plutĂŽt par routine, mais maintenant je comprends tout ce que vous avez fait pour moi et je crois ĂȘtre arrivĂ© Ă  l'amour filial vĂ©ritable, au vrai amour filial. Peut-ĂȘtre aprĂšs la guerre, un camarade vous parlera-t-il de moi, de cet amour que je lui ai communiquĂ©. J'espĂšre qu'il ne faillira pas Ă  cette mission toutes les personnes qui se sont intĂ©ressĂ©es Ă  moi, et particuliĂšrement nos plus proches parents et amis. Dites-leur ma confiance en la France Ă©ternelle. Embrassez trĂšs fort mes grands-parents, mes oncles, tantes et cousins, Henriette. Donnez une bonne poignĂ©e de main chez M. Duvernet. Dites un petit mot Ă  chacun. Dites Ă  M. le curĂ© que je pense aussi particuliĂšrement Ă  lui et aux siens. Je remercie Monseigneur du grand honneur qu'il m'a fait, honneur dont, je crois, je me suis montrĂ© digne. Je salue aussi en tombant, mes camarades de lycĂ©e. À ce propos, Hennemann me doit un paquet de cigarettes, Jacquin mon livre sur les hommes prĂ©historiques. Rendez Le Comte de Monte-Cristo Ă  Emourgeon, 3 chemin Français, derriĂšre la gare. Donnez Ă  Maurice AndrĂ©, de la MaltournĂ©e, 40 grammes de tabac que je lui lĂšgue ma petite bibliothĂšque Ă  Pierre, mes livres de classe Ă  mon petit papa, mes collections Ă  ma chĂšre petite maman, mais qu'elle se mĂ©fie de la hache prĂ©historique et du fourreau d'Ă©pĂ©e meurs pour ma patrie. Je veux une France libre et des Français heureux. Non pas une France orgueilleuse, premiĂšre nation du monde, mais une France travailleuse, laborieuse et les Français soient heureux, voilĂ  l'essentiel. Dans la vie, il faut savoir cueillir le moi, ne vous faites pas de soucis. Je garde mon courage et ma belle humeur jusqu'au bout, et je chanterai Sambre et Meuse parce que c'est toi, ma chĂšre petite maman, qui me l'a Pierre, soyez sĂ©vĂšres et tendres. VĂ©rifiez son travail et forcez-le Ă  travailler. N'admettez pas de nĂ©gligence. Il doit se montrer digne de moi. Sur trois enfants, il en reste un. Il doit soldats viennent me chercher. Je hĂąte le pas. Mon Ă©criture est peut-ĂȘtre tremblĂ©e. mais c'est parce que j'ai un petit crayon. Je n'ai pas peur de la mort. J'ai la conscience tellement je t'en supplie, prie. Songe que, si je meurs, c'est pour mon bien. Quelle mort sera plus honorable pour moi que celle-lĂ  ? Je meurs volontairement pour ma patrie. Nous nous retrouverons tous les quatre, bientĂŽt au ciel. Qu'est-ce que cent ans ?Maman, rappelle-toi Et ces vengeurs auront de nouveaux dĂ©fenseurs qui, aprĂšs leur mort, auront des la mort m'appelle. Je ne veux ni bandeau ni ĂȘtre attachĂ©. Je vous embrasse tous. C'est dur quand mĂȘme de baisers. Vive la condamnĂ© Ă  mort de 16 ansH. FertetExcusez les fautes d'orthographe, pas le temps de Henri Fertet au ciel, prĂšs de Dieu. »

QuiĂ©tait Guy MĂŽquet Il Ă©tait militant communiste, et fut le plus jeune des vingt-sept otages du camp de Choiseul Ă  ChĂąteaubriant. Il fut fusillĂ© en reprĂ©sailles aprĂšs la mort de Karl Hotz. Le jour mĂȘme de son exĂ©cution, il Ă©crit Ă  sa famille cette poignante lettre d'adieu.

Merci, camarade poĂšte, de ne pas oublier Cadou. Peu d’autres ont tentĂ© de le sortir de ce pays menĂ© de biais par les averses et meurtri dans son cƓur par le fouet des rouliers... » et qui, hĂ©las, retient parfois un peu trop la parole dont la force, en traversant les terres Ă©trangĂšres, prendrait force plus encore ! et je me prends Ă  penser aux terres de la DrĂŽme dont n’a jamais voulu se dĂ©tacher Alain Borne... Mais, revenant Ă  RenĂ©-Guy Cadou, j’aimerais certes rappeler que ses amis les plus proches, Jean Bouhier, Roger Toulouse, Michel Manoll, Marcel BĂ©alu, l’ont toujours soutenu. Que Jean Rousselot, dernier Ă  l’avoir aidĂ© Ă  franchir la barriĂšre de l’octroi », aura beaucoup fait pour le faire connaĂźtre, j’en tĂ©moigne. Mais aprĂšs ? Quelques professeurs Ă©clairĂ©s, amateurs de poĂ©sie, animateurs de revues ... Cadou mĂ©rite plus et mieux ! Christian Moncelet, dans un remarquable ouvrage RenĂ© Guy Cadou, Les liens de ce monde » Ed. Champ Vallon, 1983 prĂ©sente son Ɠuvre avec la compĂ©tence de l’universitaire mais surtout avec la ferveur et la simplicitĂ© qui conviennent Ă  cette Ɠuvre toute de tendresse et d’attention au monde. Tu pourrais utilement ajouter le travail de Moncelet Ă  ta bibliographie. De mĂȘme que la lecture subtile et sensible de quelques poĂšmes, autrefois enregistrĂ©e par Daniel GĂ©lin, mĂ©riterait de figurer dans une discographie. Je n’ai sans doute pas vu tous les articles que tu as consacrĂ©s Ă  la poĂ©sie bretonne mais je regretterais que tu n’aies pas Ă©voquĂ© la haute prĂ©sence de Paol Queinnec dont me restent en mĂ©moire les Hommes liges des talus en transes » "...j’imagine un pays d’étonnante fureur minĂ©rale guettant l’odeur des fusils au cƓur des capitales un pays d’espoir et de rouges-gorges incendiĂ©s descendant des collines vers les villes Ă©touffĂ©es -et les fleuves mus par les chaudiĂšres du vent se scindent Ă  son approche - j’imagine que l’envahissent les arbres arbres sauvages aux fruits Ă©pais comme des chats huileux arbres dĂ©positaires du tronc des feuilles et de nos racines arbres bĂątisseurs filtrant les soleils qui bouillonnent par le delta de nos racines arbres en ruine sur le terrains vagues grands arbres sillonnĂ©s d’oiseaux et de chenilles ifs nourris d’ossements et de vent pins jonchĂ©s de sĂšve chĂȘnes dont on fait chaloupes et goĂ©lettes et vous chouettes bulbeuses accrochĂ©es dans l’espace de leurs branches piverts buvant l’écorce par saccades buses rouges dĂ©chiquetant le lichen des bĂ©liers en rut arbres chauds et poitrinaires qui tendez les naseaux dans les rĂ©seaux du vent je contemple ce pays bĂąti de coteaux et de criques cernĂ© de climats douçùtres traquĂ©s de tourbes rĂ©volues outrepassĂ© de tumeurs pĂąles et de pustules oĂč il n’y a pas de place pour le paysan seigneur des terres immobiles pour le prolĂ©taire en usine combattant les nĂ©goces et les engrenages fĂ©roces... " Paol QuĂ©innec, Hommes liges des talus en transes », Oswald, Honfleur, 1969

Lalettre de Guy MĂŽquet ou la priĂšre Ă  l'Ă©cole 17 mai 2007 La rĂ©sistance au nazisme, c’est bien pratique quand on s’appelle Sarkozy et Cet article date de plus de dix ans. La lecture de la lettre de Guy MĂŽquet dans les lycĂ©es reste ’’obligatoire’’. _ Le conseiller spĂ©cial de l'ElysĂ©e Henri Guaino a soulignĂ© sur France Info que les enseignants avaient, en tant que fonctionnaires, le devoir d'"obĂ©ir aux directives". _ Ils doivent lire Ă  leurs Ă©lĂšves la lettre du jeune rĂ©sistant Guy MĂŽquet fusillĂ© le 22 octobre 1941. Article rĂ©digĂ© par PubliĂ© le 01/11/2011 2300 Mis Ă  jour le 07/05/2014 1622 Temps de lecture 1 min. La lettre de Guy MĂŽquet “devra ĂȘtre lue aux Ă©lĂšves”, a dĂ©clarĂ© Henri Guaino sur France Info ce matin. Pourtant, une note de service, publiĂ©e le 24 septembre au Bulletin Officiel, laissait entendre que cette lecture, instaurĂ©e en 2007, Ă©tait devenue optionnelle. “Les professeurs auront la libertĂ© de lire ou de faire lire d'autres textes, de rajouter des commentaires de façon Ă  ce qu'elle serve de support Ă  une pĂ©dagogie un peu plus globale mais elle reste obligatoire, toute cette polĂ©mique Ă©tait une polĂ©mique vaine”, a ajoutĂ© le conseiller spĂ©cial de l’ElysĂ©e. Le devoir des enseignants Hier, Luc Chatel a fait savoir que la lettre du jeune rĂ©sistant communiste exĂ©cutĂ© par les allemands le 22 octobre 1941 sera bien lue vendredi dans tous les lycĂ©es de France. Pour le ministre de l'Education, la lecture de cette lettre servira de base Ă  un dĂ©bat sur la question de la rĂ©sistance. La dĂ©cision prise par Nicolas Sarkozy le 16 mai 2007 de lire la lettre de Guy MĂŽquet Ă©crite Ă  ses parents avait suscitĂ© beaucoup de rĂ©actions dans l’Education nationale. Le SNES, principal syndicat des enseignants de second degrĂ©, avait notamment appelĂ© Ă  ne pas lire cette lettre pour refuser “l'instrumentalisation du devoir de mĂ©moire”. MikaĂ«l Roparz, avec agences Prolongez votre lecture autour de ce sujet tout l'univers Education cSNE.
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  • lettre de guy moquet Ă  ses parents